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.::Demain le paradis::.
23 octobre 2011

Le soleil s'enfuit comme un savon soudain qui glisse, quelle aventure, quelle aventure

Ce n'est qu'une fois mon mémoire soutenu que je prends conscience que ma vie estudiantine n'est et ne sera jamais plus qu'un souvenir vague et lointain, tout juste assez net pour me rendre un brin nostalgique en croisant quelque bande de jeunes allongés dans l'herbe des jardins de la fac aux prémices du printemps. Quand je repense à mes cinq années passées sur les bancs de l'université, je m'aperçois que je n'ai pas vraiment rempli le contrat et qu'il y aurait beaucoup de choses à regretter : je n'ai séché quasiment aucun cours, je n'ai assisté qu'à deux ou trois assemblées générales, passivement, sans jamais participer à aucune manifestation, je me suis fait très peu d'amis et ne me suis jamais assise avec eux dans l'herbe les jours de beau temps pour avoir d'interminables débats sur la symbolique de l'eau dans les romans de chevalerie ; rien ne s'est vraiment passé comme je me le figurais alors que je n'étais encore qu'une lycéenne.

Plus j'y repense et plus je me dis qu'il y avait quelque chose d'incroyablement doux à faire des études de lettres, à n'avoir rien d'autre à faire que lire quelques livres et répéter dans des dissertations ce que les professeurs nous en avaient dit en cours magistral, à découvrir en début de semestre toutes ces oeuvres que jamais l'on aurait eu l'idée d'ouvrir si ça n'avait pas été pour un cours de littérature comparée, à penser avec frayeur que l'on aurait pu passer toute une vie sans jamais lire Borges et sans avoir la moindre idée de ce dont on se serait privé, à se dire que l'on figure parmi les quelques privilégiés à avoir peut-être percé le mystère de ces deux vers de Mallarmé tout en sachant qu'il n'en est rien et que ce n'est pas grave, parce que le seul fait d'avoir essayé nous rend un peu unique, au-dessus des autres.

C'est maintenant que tout est derrière moi que me reprend l'envie de lire, d'écrire, et peut-être même de retourner un jour sur les bancs de la fac. Je crois que j'aurais pu continuer à jouer longtemps le jeu de l'étudiante, parce que mon rôle me plaisait et convenait assez bien à mon tempérament mi-paresseux mi-sérieux. A l'époque, je rêvais du jour béni où je gagnerais enfin ma vie, indépendante et libre de m'acheter ce que bon me semblerait. Maintenant que c'est chose faite et que l'excentricité de m'acheter  des Kinder Pingui chaque semaine m'est passée, je me dis qu'il n'était finalement pas si terrible d'avoir les poches à moitié vide en lisant du Crébillon.

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